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Les abandonnés du désert

4 novembre 2005

Seléction de forum de la semaine

Migrations clandestines au Maroc : Le rêve brisé à Nador ( http://www.lefaso.net/article.php3?id_article=10627&id_rubrique=10)

vendredi 4 novembre 2005.

Le Maroc, ces derniers temps, a fait la « Une » de l’actualité. La raison, des assauts d’envergure de clandestins subsahariens à Melillia dans la province de Nador à l’effet d’accéder en Europe via les barbelés de l’Espagne.

La nuit du 5 au 6 octobre 2005 n’a pas été de tout repos pour les forces de sécurité marocaines commises à la surveillance de la frontière maroco-espagnole, dans le préside occupé de Melillia (province de Nador), plus précisément à Rostogordo. Et pour cause ? A 2 heures du matin, contre toute attente, une foule d’immigrants clandestins dont le nombre est estimé à plus de 500 personnes, en provenance de la forêt dense de Gourougou, se lance à l’assaut des clôtures barbelés séparant le préside occupé de Melillia du territoire national marocain.

Une foule chauffée à blanc par des cris de guerre.

Menaçante, elle avance, tel un ouragan, armée de machettes, de gourdins, de pierres, de bâtons, de haches et d’autres armes blanches (et qui sait si certains n’étaient pas en possession de pistolets). Hurlante de colère, la foule tente une entrée en force dans la zone frontalière. Mais en face d’elle, une quinzaine de soldats marocains répartis, au moment des faits, entre trois postes de surveillance, distants de 200m l’un de l’autre. Ils ne disposaient ni de miradors, ni d’équipements spécialisés à même de faire face à cet assaut d’une fureur et d’une ampleur inégalées. Derrière ces soldats, deux clôtures de barbelés dressés par la partie espagnole le long de la frontière.

Devant la gravité de la situation, la réaction de la quinzaine de soldats ne s’est pas fait attendre. Et des tirs de sommation partirent, noyant pour quelques minutes seulement, le hurlement des « assaillants ». Mais rien n’y fit ! La foule est décidée à forcer le dispositif de garde. Ce qui oblige les sentinelles marocaines à faire encore usage de leurs armes, cette fois-ci, en opérant des tirs rasants. Situation de légitime défense ! Les « assaillants » se font plus menaçants et plus violents à l’égard des forces de sécurité.

Aux coups de feu nourris, ils répondent par des jets de pierres, des coups de gourdins et autres armes blanches. Dans cet échange pas du tout cordial, certains migrants illégaux profitent du sauve-qui-peut pour franchir les barbelés hauts respectivement de 3 et 6 m aux fins de se retrouver du côté espagnol. Pour ce faire, ils se servent d’échelles de fortune, hâtivement confectionnées dans la forêt. A partir de cet instant, les gardes frontières espagnoles entrent en action en distillant des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Ce qui freine un peu les ardeurs des « assaillants » qui opèrent un repli tactique dans la forêt dense d’où ils étaient venus.

Des forces marocaines venues en renfort permettent par la suite de quadriller la zone, d’encercler et de contenir cette foule devenue subitement docile au petit matin. C’est alors le décompte. Des morts et des blessés. Le rapport du ministère marocain de l’Intérieur rendu public le 21 octobre 2005 fait état de la mort « de six personnes dont quatre suite à des chocs hémorragiques dus à des plaies multiples ». Les forces de sécurité marocaines ont enregistré également dans leur rang des blessés.

En l’absence de pièces d’identité ou de documents de voyage, la nationalité des six victimes de ces incidents de la nuit du 5 au 6 octobre 2005 n’a pu être, pour le moment, déterminée. Une chose est au moins certaine, les immigrants qui ont forcé le franchissement des clôtures barbelées de Melillia sont originaires pour la plupart de pays d’Afrique au sud du Sahara, notamment du Cameroun, du Sénégal, du Mali, de l’Angola, du Bénin, du Liberia, du Niger, du Nigeria, de l’Ouganda, de la Somalie, du Rwanda, du Burkina Faso, des deux Congo, de la Guinée-Bissau, de la Guinée-Conakry...

Parmi eux et selon les révélations du commandant de la place d’armes de Nador, le colonel Essaada figurent d’anciens militaires et gendarmes congolais (des officiers et hommes de troupe). Ce qui peut-être justifie cet assaut bien structuré et bien organisé avec des meneurs, des éléments de guet et d’alerte et des éléments d’attaque. Une véritable troupe, avec une discipline militaire aux objectifs bien précis : « dérouter les forces de surveillance marocaines pour franchir allègrement les grilles espagnoles ».

Quel risque ! Mais pour eux, la formule est bien claire : « Ou ça passe ou ça casse ». Même au prix de leur vie. Des Marocains, candidats à l’émigration étaient également de la partie. Six d’entre eux ont été victimes de blessures graves.

Si la foule d’immigrants a pu s’aventurer jusqu’au nez des forces de surveillance de la frontière maroco-espagnole, c’est certes grâce à leur audace, à leur courage et à leur ténacité, mais aussi à la proximité de la forêt dense qui côtoyait les grilles espagnoles. Ce qui n’offrait pas aux forces de sécurité marocaines une vue panoramique des mouvements. Mais qu’à cela ne tienne, cette nuit-là, plus de 270 clandestins ont été stoppés dans leur élan et arrêtés.

Aujourd’hui et pour des raisons évidentes de sécurité, l’armée marocaine a rasé sur une centaine de mètres, cette forêt dense. Elle y a également construit des tranchées et élevé des montagnes de terre, offrant ainsi une vue bien meilleure aussi bien de jour que de nuit. Et d’une quinzaine d’hommes, l’unité de surveillance de cette partie de la frontière marocaine est passée à un bataillon avec un équipement plus adapté.

Depuis ces mesures de précaution, plus aucun clandestin ne s’hasarde aux abords de la frontière. En tout cas, pas pour l’instant. Le bataillon de surveillance a également pour mission la lutte contre les divers trafics, notamment celui de la drogue. Du côté espagnol, les grilles sont dotées d’un système d’alerte électronique et de caméras de surveillance.

Difficile désormais donc de se soustraire de la vue des gardes frontières quelle que soit la tactique de franchissement utilisée. Il est vrai que la partie espagnole dispose d’un centre d’accueil et de prise en charge des immigrants à proximité de ses grillages mais avant d’y accéder, le périple est très périlleux et accidenté.

Les regrets du Maroc

Le Maroc, à travers ses plus hautes autorités, déplore la tournure dramatique des événements survenus lors de l’assaut massif et inhabituel du 6 octobre 2005 et qui a occasionné six morts et plusieurs blessés. Par conséquent, il ne cesse d’exprimer ses vifs regrets devant cette perte de vies humaines. Affecté dans son âme africaine, il pleure la douleur des familles de ces victimes non encore identifiées.

Au regard de ces événements malheureux, certaines opinions ont vite fait de présenter le Maroc comme un pays sans foi ni loi, un pays hostile aux migrations, un pays à la gâchette facile et peu soucieux des motivations profondes qui conduisent bien des jeunes sur le triste chemin de l’émigration clandestine. Bref, le Maroc a été sali dans son honneur, dans sa dignité et dans sa fierté. Pourtant, ce pays de transit et de rebond vers l’Europe aurait tout fait et tout mis en œuvre pour assurer une gestion au mieux de ce qu’il est convenu aujourd’hui d’appeler les incidents d’octobre 2005.

En témoignent l’évacuation des blessés dans les hôpitaux avec prise en charge des frais, l’ouverture d’une enquête sur ces incidents(les résultats sont déjà rendus publics), le traitement judiciaire des conséquences qui en ont découlé et surtout l’assistance médicale, alimentaire et en termes d’hébergement des candidats à l’émigration. Outre cela, le Maroc a assuré, de concert avec les gouvernements des migrants et en accord avec les concernés le rapatriement de plusieurs centaines d’immigrants illégaux.

Toutes les sources que nous avons pu contacter sont unanimes sur l’essentiel : « Le rapatriement des clandestins vers leur pays d’origine s’est fait dans la dignité, le respect des valeurs humaines et selon les règles de l’art ». Le coût de l’opération a été entièrement supporté par le Maroc. Malheureusement, pour avoir été mal compris, du fait d’un certain nombre d’erreurs et d’insuffisances inhérentes à la gestion de telles crises, ce pays s’est vu décerné par ces opinions en quête de sensationnel, le trophée de la maltraitance. C’est à chacune selon ses sources !

Il reste que le Maroc entend assumer, comme il a toujours su le faire, en dépit de quelques ratés, sa part de responsabilité et d’entraide des migrants sur son sol, une terre où se côtoient dans une bonne ambiance, diverses nationalités d’horizons divers. Attaché à ses racines africaines, il ne saurait mettre à mal et sur son territoire, les ressortissants « de pays frères et amis d’Afrique au sud du Sahara ». Ainsi, le Maroc n’aura de cesse le raffermissement, la consolidation de sa coopération avec les pays africains dans une vision de développement partagée.

Des actes sont là pour témoigner de cette volonté du royaume chérifien : annulation de la dette du Maroc aux pays africains par sa Majesté, soutiens de divers projets de développement dans beaucoup de pays africains, déplacement de Sa Majesté le Roi Mohamed VI dans un certain nombre de pays africains... Pour toutes ces raisons et comme le demande le ministre marocain de la Communication, Nabil Ben Abdellah, »le Maroc souhaite bénéficier de circonstances attenuantes » à même d’apaiser les cœurs et les rancœurs pour que « plus jamais ça ».

Une responsabilité partagée

Comme le dit l’adage populaire, « à quelque chose, malheur est bon ». Les erreurs de gestion du phénomène des migrations illégales constatées au Maroc, ce pays de transit, devrait être une leçon d’éveil des consciences aussi bien des pays africains d’où sont originaires les migrants que de l’Europe, le continent de destination. Cet éveil de conscience devrait, c’est le souhait ardent du Maroc, aboutir à une conférence internationale euro-africaine consacrée exclusivement au phénomène migratoire clandestin. Le débat mérite d’être posé et mené dans un cadre concerté. Et c’est ce à quoi s’attelle le Maroc pour qui la solution du problème ne se limite pas seulement à la dimension sécuritaire. Encore moins les murailles et autres forteresses égoïstes.

L’initiative du Maroc est partagée par son voisin espagnol.

Elle devrait l’être aussi par l’ensemble des pays africains et l’Union européenne. Des émissaires marocains se rendront très bientôt dans les différents pays concernés pour porter le message. Les efforts et les énergies sont donc à mutualiser à l’occasion de cette conférence internationale pour une approche plus humaine et plus globale de la question des migrations. Ce qui suppose un diagnostic sans complaisance des causes véritables qui conduisent la jeunesse à la migration et les conséquences qui en découlent.

Il s’agit entre autres, de la situation de déséquilibre entre les pays du Nord et ceux du Sud, de l’inégale répartition des richesses, de la pauvreté galopante et étouffante, des disparités socioéconomiques, des clivages multiples et multiformes, du chômage... et aussi des images véhiculées qui présentent l’Europe comme l’eldorado par excellence, la terre promise ! La réalité, c’est que l’Afrique constitue de moins en moins une priorité pour l’Europe. Alors, que faire ? Le Maroc préconise « un plan Marshall pour l’Afrique ».

Ce plan se traduirait non pas par des opérations d’éclats du genre annulation de la dette de l’Afrique ou signature de conventions interminables mais par le financement de projets à même de retenir et d’occuper les jeunes dans leurs terroirs. Ce n’est donc pas à des actes de charité ou de générosité que l’Afrique appelle l’Europe. Mais à un partage des responsabilités basées sur une coopération franche et transparente, sur un programme de soutiens aux pays pourvoyeurs d’immigrants, sur des actes qui apportent des solutions concrètes au problème combien crucial des migrations.

Sita TARBAGDO,
Envoyé spécial au Maroc


Des mafieux au cœur de l’opération

Depuis le 28 août 2005, les clandestins subsahariens ont mené, contre les postes marocains de surveillance de la frontière, 7 assauts d’envergure. Objectif, accéder au préside de Melillia. Ces assauts d’une certaine violence, débutent généralement par des jets de pierres de diversion à l’endroit des forces de sécurité marocaines ; suivis immédiatement de l’usage d’échelles artisanales pour franchir les barbelés espagnols. C’est dire donc l’organisation minutieuse dont font preuve les clandestins.

De l’avis du ministre marocain de l’Intérieur, Mustapha Sahel, cette organisation savamment menée dénote de « l’existence de structures mettant en œuvre un véritable plan opérationnel de franchissement des frontières ».

Des enquêtes et interrogations menées avec certains clandestins par les autorités marocaines révèlent que « les infiltrations se font via l’Algérie, avec le concours de guides maîtrisant parfaitement le terrain, surtout les routes conduisant vers Sebta et Melillia, ces deux portes d’entrée en Europe par le Maroc ». A la base de tous ces mouvements illégaux, se trouvent « des groupes mafieux » qui font de ces opérations, une activité commerciale bien rémunérée. En effet, pour pouvoir bénéficier des services et prestations de ces groupes organisés, les clandestins vident leurs proches. Pas moins du demi-million par clandestin !

Dans la filière, sont impliqués « des Marocains qui interviennent en tant que facilitateurs ». Les cerveaux, eux, se terrent dans les pays frontaliers du Maroc, dans les pays de destination.

De 2000 à nos jours et selon les statistiques du gouverneur de la province de Nador, le Maroc a enregistré 260 opérations, arrêté 247 complices et organisateurs, subi 171 embarquements. Le démantèlement de ces réseaux mafieux n’est certainement pas pour demain. Tant qu’il y aura toujours des gens pour profiter du désespoir et de la détresse des candidats à l’émigration.

S.T


Le rêve brisé de deux Burkinabè

Selon l’ambassadeur du Burkina Faso au Maroc, le général Ibrahim Traoré, parmi les clandestins de la forêt dense de Gourougou, figuraient deux Burkinabè. Il s’agit de Issouf Dabré et Hamado Dabré.

Le premier a quitté le Burkina Faso en 2002. Il a fait l’itinéraire Burkina-Niger-Libye-Algérie-Maroc. Le second, lui, a quitté son Burkina natal en 2004. Il a fait le trajet Ouagadougou-Niamey-Alger-Nador (au Maroc). Tous deux voulaient aller en Europe via les barbelés espagnols qui séparent le préside occupé de Melillia du territoire national marocain. Sans doute séduits par l’image qu’ils se font de l’Europe : « un eldorado où chacun peut améliorer ses conditions de vie ». Hélas pour eux ! Ils ont vu leur rêve se briser aux portes de l’Espagne.

Là où les barbelés sont érigés pour empêcher les clandestins de passer. Issouf et Hamado ne verront pas de si tôt cette Europe qui attire. Ils ont été rapatriés le 20 octobre 2005 au Burkina Faso par les bons soins du Maroc, en collaboration avec l’ambassadeur Ibrahim Traoré. L’aventure sans doute ne les tentera plus. Du moins, pas dans l’immédiat. Sur leurs conditions de séjour au Maroc, l’ambassadeur rassure : « Ils étaient logés sous des tentes, avec à leur disposition, des citernes d’eau et de quoi s’alimenter et se soigner ». Une situation bien meilleure comparativement à celle de l’errance à travers le désert, les falaises et les forêts.

Au Maroc, vit une communauté burkinabè composée en grande partie d’étudiants bénéficiant qui de bourses marocaines, qui de bourses burkinabè et qui d’autres, de bourses burkinabè et marocaines.

Plus de 250 étudiants. Sur le plan des études, confie l’ambassadeur, « les étudiants burkinabè au Maroc donnent de bons résultats ». Mieux, « le Burkina Faso jouit d’une bonne renommée au Maroc. Notre combat c’est de faire toujours mieux pour maintenir le cap ».

Par rapport à ce phénomène de la migration illégale, l’ambassadeur invite l’Afrique et l’Union européenne à la table du débat d’où sortiront certainement « des solutions pertinentes à même d’atténuer ses effets dévastateurs ». Aux éventuels candidats à l’émigration, le message de l’ambassadeur du Burkina Faso au Maroc est sans ambages : « Vu les souffrances auxquelles sont confrontées les migrants illégaux, ça ne vaut pas le coup de tenter l’aventure. C’est un risque vers l’inconnu. En tout cas, il est souhaitable pour nos pays africains, d’œuvrer par des initiatives multiples et multiformes, à soutenir nos jeunes afin qu’ils puissent, sur place, se prendre en charge ».

S.T.

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4 novembre 2005

Racisme de la presse Marocaine

les_criquets_noirs_envahissent_le_nord_du_maroc

L'hebdomadaire marocain Ashamal n'a pas perdu du temps à chercher un terme politiquement correct pour parler des africains (candidat à l'immigration vers la forteresse Europe) qui "envahissaient" le Maroc. Il titre à sa une de l'edition du 12 septembre 2005 : << les criquets noirs envahissent le nord du Maroc>>.   

Que vous inspire ce numéro en tant qu'être humain?

2 novembre 2005

Témognages de sénégalais rappatriés

Dans un article rapporté par Marie-Laure JOSSELIN paru dans le journal libération du mercredi 12 octobre 2005, les sénégalais rappatriés à Dakar par la police marocaine témoignet: <<Ils nous ont bastonnés comme des annes, ils nous ont abandonnés sans eaux ni nourriture dans le désért, ...il y'a eu trop de morts>>.

Kokoubo Dramé : << je veux parler, on sort les bâtons. Je veux boire, les bâtons. Je veux manger, les bâtons. Je veux pisser, encore les bâtons>>. Kokoubo Dramé, 29 ans, ancien boulanger à Dakar et candidat à l'immigration vers l'Europe, se remémore tristement et haineusement les six jours passés dans les prisons marocaines. Il a été rapatrié de force, hier au Sénégal, dans le troisième vol depuis lundi.

A peine descendus du bus qui les attendait à la sortie de leur avion provenant du Maroc, Kokoubo et plus de 140 Sénégalais rapatriés s'assoient sagement sur des bancs. Calmes, les hommes portent pratiquement tous les mêmes joggings, gracieusement offerts par les Marocains. Quelques-uns ont les mains ou les pieds bandés, d'autres se déplacent avec des béquilles mais tous restent silencieux dans ce hangar près de l'aéroport de Dakar, passage obligé pour les quelque 430 Sénégalais qui n'ont pas eu la chance de franchir les grillages des enclaves espagnoles.

Identification. Kokoubo attend son tour comme les autres pour se faire vacciner contre la fièvre jaune avant de se présenter devant les policiers pour la prise d'empreintes et l'identification. Jamais il n'a pensé qu'entrer en Europe, c'était recevoir des coups, lui qui a perdu plus d'1 million de francs cfa (1 500 euros) dans ce voyage. «On pense qu'entrer en Europe, c'est gagner quelque chose, c'est ça qu'on cherche, une Europe pour aider la famille et ne pas être un voleur ou un clochard.»

Alors il a pris la route, il y a un an. «Je suis parti d'abord en Afrique centrale, puis en Algérie pour rentrer au Maroc où je faisais le business avec les Marocains mais toujours ça tournait mal, ils mangeaient mon argent alors comme j'ai vu des gens passer au grillage, je suis parti pour tenter ma chance. J'ai tenté, je suis rentré à Melilla, les Espagnols m'ont pris et donné aux Marocains qui ont commencé à taper, à fouiller. Ils ont pris mon téléphone, tout l'argent que j'avais, même mes chaînes plaquées et mes papiers, ils ont tout pris et après, lance Kokoubo, tapé, attaché les mains dans le dos, par deux, et amené en prison pour nous maltraiter. Et mes blessures, poursuit-il de plus en plus énervé, c'est pas au grillage car le grillage il nous blesse pas, j'avais fait une échelle sans problème, non les blessures, c'est à cause du tabassage des Marocains.»

Arona Cissoko approuve. Assis à côté de lui, il a presque le même parcours, la même histoire, exception faite qu'il a 15 ans et qu'il est parti depuis six mois. Sur son trajet, il reste flou, mais il montre ses baskets ouvertes sur le devant et complètement élimées. Il a marché et marché pour arriver à Nador où «il a fait l'assaut» avec 400 clandestins dans la nuit de mercredi à jeudi dernier. Bilan : 6 morts. «Mais nous, Dieu nous a sauvés, les balles ne sont pas tombées sur nous. Par contre, lorsque les Marocains nous ont emmenés en prison», et là il jure en arabe devant Dieu, «ils nous ont bastonnés comme des ânes et c'est du pain sec seulement qu'on mangeait, une journée, un pain. Pendant six jours, on nous a maltraités. Quand les Marocains disent que le Sénégal et le Maroc, c'est deux pays comme ça», montre-t-il en collant ces deux mains pour les relier, «eh bien non ! C'est pas un pays frère, sinon ils nous auraient pas traités ainsi. Lors de l'attaque, il y en a qui n'ont même pas réussi à atteindre le grillage, ils ont tiré comme ça, à balles réelles. Il y en a qui sont morts».

Trop de morts. Hors du hangar, Babacar, 25 ans, mange du pain près de sa soeur. Arrivé hier, il va «retourner au Maroc, inch Allah, car (il) travaille là-bas. Ce sont les clandestins qui ont amené les problèmes». Pris dans une rafle, ce Sénégalais était guide au Maroc depuis trois ans et n'avait pas renouvelé sa carte de séjour. Enchaîné dans le désert sans eau ni nourriture avant de retourner à Oujda pour prendre l'avion pour Dakar, Babacar ne comprend pas car lui «n'est pas clandestin». Si certains, comme Amadou Diallo, blessé à la tête lors d'un assaut, ne retenteront pas le périple car ils ont vu trop de morts, d'autres comme Kokoudou réessaieront car «il n'y a pas de futur, c'est la malchance maintenant. On n'a rien. Le futur, c'est recommencer à zéro». 

Source : http://www.liberation.fr/page.php?Article=330414

15 octobre 2005

Mohamet VI et ses sujets sont des racistes ?

Au royaume de Mohamet VI "vivaient" des hommes et des femmes, africains pour l’essentiel, depuis plusieurs mois pour gagner illégalement l’Espagnole et donc le supposé "paradis" européen. C'est ce que certains ont réussi à faire en forçant les barrages frontaliers. Mais à quel prix ? 

D’après la fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) dans la nuit du 28 au 29 septembre 2005, cinq personnes sont mortes en tentant de franchir la frontière hispano-marocaine à Ceuta. Le 6 octobre, six personnes sont mortes en franchissant la frontière à Melilla. De nombreuses autres personnes ont été blessées à la suite d’un usage excessif de la force par les forces de sécurité marocaines et espagnoles. 

L’Espagne, débordée par les vagues de clandestins s'est contentée de les refouler au Maroc sans s'assurer ni se soucier des condition, volonté et capacité d'accueil du Maroc.

Contre toute attente le monde entier a découvert, la semaine dernière, grâce à médecins sans frontières (MSF), FIDH,… l'abandon des africains en question en plein désert, sans eau ni nourriture, par la police marocaine. Plusieurs personnes seraient mortes par la suite.

Pour moi comme vous chers lecteurs il est difficile d'imaginer ce que cela entraîne comme conséquences pour les rescapés d’une part et les familles des victimes d’autre part.

Je vous invite toute fois de vous mettre à la place de ces personnes, juste pour une seconde, même si vous ne connaissez le désert que de nom et vous poser par la suite quelques questions sur les responsabilités des parties impliquées dans la gestion de l'affaire . Je suppose que vous arriverez à dire : plus jamais ça ! D’autant que la pratique de l’abandon dans le désert serait une coutume dans les pays du Maghreb.

Pour ma part, je me demande si brutalité de la police marocaine ne s'explique pas par un certain mépris (racisme pour être clair) de l'homme noir. Si oui, que pensent les marocains concernés non seulement des autres peules du monde mais aussi des marocains noirs ?

Avec cette affaire d'immigrés africains le monde a découvert la face cachée du royaume et plus particulièrement du roi Mohamet VI dont la réaction tarde à venir d'abord sur les actes de sa police mais aussi de l'attitude de la presse à l'image de l'hebdomadaire  Ashamal numéro 283, du 6 septembre 2005 dont la une  était  "Les criquets noirs envahissent le nord du Maroc".

Je vous invite en fin à soutenir les victimes d'engager une action en justice afin que la lumière soit faite sur cette affaire et que justice soit rendue. Pour cela veillez soutenir la création d'une association : les abandonnés du désert. 

Merci de votre soutien

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Les abandonnés du désert
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